Prévention des dommages

Intervention dans la vallée de la Roya, France, avec la pose de colliers anti-loup

19 juillet 2024
rachel.berzins@mercantour-parcnational.fr

Valérie Ratagne est éleveuse de chèvres laitières depuis 12 ans dans la commune de Tende. Suite à une attaque sur son petit troupeau de 35 chèvres, le 11 juin 2024, elle a décidé de tout tenter pour assurer la sécurité de ses « filles », comme elle les appelle. Parmi les solutions proposées par le Parc national du Mercantour, il a été décidé, avec l’équipe du LIFE WolfAlps EU project, composée de Rachel Berzins et Léa Laudic, de lui proposer la mise en place d’un dispositif expérimental d’effarouchement : des colliers anti-loup.

Les colliers fonctionnent en cas de mouvement de panique du troupeau. Une course rapide et brusque les déclenche, et ceux-ci envoient alors des ultrasons ainsi que des flashes lumineux. Les loups, étant sensibles à la fréquence émise et d’un naturel prudent, pourraient être surpris et gênés par le dispositif, censé provoquer une réaction d’évitement.

Valérie Ratagne avec ses chèvres laitières et un collier anti-loup sur une chevre. Photo: Sonia, médiatrice pastorale/ PnM.

Cette méthode expérimentale ne saurait suffire à elle seule pour garantir une protection optimale. Elle est complémentaire de la présence quasi permanente de l’éleveuse lors de ses sorties quotidiennes avec les chèvres. Valérie est accompagnée de ses chiens de conduite et ne possède pas de chiens de protection. Les chèvres sont rentrées toutes les nuits dans une bergerie en dur grillagée, directement sous la maison de Valérie, offrant ainsi un haut niveau de protection.

Ainsi, le risque d’attaque est uniquement présent en journée. Malgré la vigilance de l’éleveuse, certaines parties où les chèvres vont pâturer sont « sales », c’est-à-dire fortement boisées et jouxtant parfois une forêt. C’est à un de ces endroits que le ou les loups ont attaqué, profitant d’une courte absence de Valérie, en plein jour.

Lors de notre venue, nous avons fourni trois colliers à Valérie. Nous avons également placé deux pièges photographiques sur des sentes à des endroits de passage supposés. La présence détectée des loups, associée à l’absence d’attaque sur le troupeau, contribuerait à corroborer l’hypothèse de l’efficacité des colliers. Il est également toujours utile de connaître la composition d’une meute (nombre d’individus, nombre d’adultes et de jeunes) afin d’adapter, au cas par cas, la protection des troupeaux.

Le bergerie grillagée pour la nuite et une piège photographique positioné. Photo: Sonia, médiatrice pastorale/ PnM.

Cette mesure de protection a été accueillie avec soulagement et reconnaissance par Valérie. L’émotion de l’attaque se fait encore grandement ressentir. La perte de quatre de ses chèvres, dont deux chevrettes et la chèvre de tête, ainsi que le tarissement du lait provoqué par le stress de l’attaque, ont été difficiles à endurer pour l’éleveuse.

Nous avons longuement discuté et nos échanges constructifs animent notre détermination à lui apporter notre soutien et notre aide dans la protection de son troupeau. En tant que médiatrice pastorale, je reviendrai régulièrement au cours de la saison relever les pièges photographiques et discuter avec Valérie d’autres outils que nous pourrions mettre en place, comme un effaroucheur.

Avec les loups, rien n’est jamais acquis. Nous restons cependant optimistes et avons bon espoir que la mise en place de ces différentes mesures, ainsi que l’implication de Valérie, dissuaderont les loups d’attaquer à nouveau.